La couleur selon Tristan Rà
Son atelier à l’étage baigne dans une atmosphère douce, claire et feutrée.
Etoffes vives, tapis d’Orient, encens, souvenirs ramenés d’ailleurs lointains.
Au mur, les coupoles dorées de Jérusalem, les paysages exotiques des îles Marquises, les kaftans des femmes de l’Atlas, la lumière du Maroc, la chaleur vibrante de Jaïpur… Tristan Rà nous invite au voyage.
Il nous fait partager à travers ses toiles ses impressions d’Orient, la douceur de ses rêves des îles où les filles sentent la vanille et la fleur de tiaré.
Bien qu’il ait posé ses valises au Carla Bayle depuis 1987 où il ouvre chaque été les portes de son atelier aux visiteurs, cet artiste atypique a besoin régulièrement de s’imprégner de sensations lointaines, de mondes pleins de mystères, d’harmonies délicates et de couleurs saturées par le soleil.
«J’ai besoin d’avoir un déclic, il me faut avoir le goût de la couleur dans la bouche, le bruit de la rue, les sensations […]
Ce n’est pas seulement un paysage qui m’inspire, il me faut un contexte extérieur. Je l’ai trouvé en Orient où les grandes villes comme Jérusalem, Istambul, Fès ou Kairouan sont chargées d’histoire et de couleurs. J’arrive à rester très peu de temps mais à peindre énormément. Istambul, c’est fatiguant, pollué. J’ai beaucoup peint à Jaïpur, à Jérusalem, c’est pourtant épuisant de peindre dans la rue […] C’est souvent un exploit, presque épouvantable. Mais il me suffit de quelques plans, je fais le plein de sensations colorées et de personnages qui de retour à mon atelier m’inspireront de nombreuses toiles»
Tristan Rà a ramené de son dernier voyage dans le sud marocain d’extraordinaires villages aux maisons rouges bordées de blanc.
«A la différence de Ouarzazate où le soleil est si ardent qu’il déforme les maisons, à Tafraout elles son construites avec cette terre rouge qui donne de la force à la couleur»
Mais Tristan Rà n’est pas né peintre, certes il a toujours dessiné mais il s’est lancé dans des études de médecine avant, du jour au lendemain, de tout plaquer pour la peinture.
«Je me suis inscrit aux beaux Arts, mais on y apprenait une technique extrêmement laborieuse. Je me suis installé à Vallauris où j’ai rencontré un maitre avec qui j’ai travaillé. Il m’a conseillé d’aller vendre mes toiles sur le trottoir, c’était à ses yeux la meilleure des galeries […]Finalement j’y suis resté 15 ans, je connais tous les ports du Sud de la France, de Ramatuelle à Collioure.
Cela donne un élan incroyable pour peindre car on est dans la peinture toute la journée, c’est à partir de cette époque que j’ai commencé à travailler dans la rue. A cette époque on pouvait vivre en communauté, ce n’est plus possible aujourd’hui […]Je regrette de ne pas avoir persévéré dans la technique classique car c’est la base de tout. Dali disait lui-même qu’il était le dernier peintre classique… et c’était vrai»
Il y a trente ans, Tristan Rà travaillait à la peinture à l’huile «pour la subtilité des couleurs» mais l’acrylique lui permet désormais d’aller plus loin dans la subtilité du glacis, la représentation de l’objet s’efface derrière le médium de la couleur et le mouvement du trait.
A son chevalet, c’est sous le regard bienveillant de Picasso qu’il officie,
«le génie pur !» selon Rà.
«J’ai longtemps habité Vallauris, je l’ai souvent croisé sans jamais oser l’aborder […]
La présence de ces grands peintres imprimait alors à ces lieux une atmosphère qui incitait à la création»
Ramatuelle, Gassin, Collioure, au début il a peint des ports, des villages où il a séjourné, la chaleur écrasante du midi mais également la couleur froide de l’île de Ré ou la luminosité diffuse du sud de la France et de ce petit village de l’Ariège qui lui rappelle tant Saint Paul de Vence, avec ses hautes collines, ses remparts et ses galeries.
«Il ne manque plus que la Colombe d’Or mais nous avons ici Fernand et l’auberge Pierre Bayle […]
Saint Paul a mal tourné, tout est devenu trop commercial alors qu’ici on peut parler peinture, avoir de vraies relations humaines avec les gens que l’on rencontre l’été ici»
Un marchand d’art avec qui il a signé un contrat d’exclusivité pendant un an lui a permis de vivre de son art dans les années 90 «c’est un privilège de pouvoir vivre de son art», avoue Tristan Rà.
«Aujourd’hui je n’ai plus la pression de produire plusieurs dizaines de toiles par mois. J’ai une importante exposition à Zurich en janvier et je travaille exclusivement avec des galeries, en Allemagne, en Suisse, aux Etats Unis et avec mon site Internet»L’artiste se souvient: «très jeune, je n’avais qu’un seul livre, un gros dictionnaire Larousse illustré, chèrement gagné par mon père à son certificat d’Etude.
A la lettre «R» figurait une magnifique reproduction du douanier Rousseau en couleur, de son tableau «Le Rêve» J’ai gardé cette image pendant des années, elle a construit en moi la nécessité intérieure de remplir l’espace du rêve […] J’aime la couleur, je suis proche des expressionnistes allemands comme August Macke puis Duffy, Matisse, Braque, Picasso ou Gauguin qui a ouvert les portes à l’art moderne»
Pour lui, la couleur construit la forme et l’espace comme le motif des étoffes dont le travail de l’ornement donnent du relief aux tissus.
Les gens dont il fait les portraits lui rappellent la chaleur des rencontres.
Actuellement Tristan Rà a entrepris de réaliser le portrait des habitants du Carla… avant de repartir vers l’Orient.
Il rêve déjà des coupoles de céramique bleue de Samarcande au printemps prochain.
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je vais chaque été, en vacances près de Carla Bayle,où j'ai découvert les peintures de Tristan Rà.
RépondreSupprimerC'est un vrai bonheur d'y retourner chaque année et de pouvoir contempler ses tableaux:un sacré voyage...
Merci!
Thérèse Cacitti
Belle découverte à Carla Bayle que celle de Tristan Rà, artiste chaleureux, prolifique et riche.
RépondreSupprimerMerci pour ce moment de partage en toute simplicité.
RépondreSupprimerNous, c'est Jacques et Roxane de Villerouge Termenès.
N'hésitez pas à y revenir, nous vous y accueillerons avec plaisir !
Peinture éclatante et joyeuse, et personnage chaleureux, à voir et à entendre. Peinture plus sereine que celle de Kazem Khalil.
RépondreSupprimerBonjour, vous fermez a quelle heure dimanche 9 aout?
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